Sitemap

Dessin, Design, Projet

From Firenze University Press Book

4 min readJul 22, 2024

Rosa De Marco, ENSAPLV, National School of Architecture Paris-La Villette

Monique Poulot, Paris Nanterre University

Cet ouvrage réunit les contributions faites lors du colloque « Dessin, design, projet. Représenter et reconfigurer les espaces ouverts » qui s’est tenu à Paris les 23 et 24 mai 2019 à l’École nationale supérieure d’architecture de Paris-La Villette (ENSAPLV). L’argument traité par le colloque s’inscrit dans le contexte actuel, caractérisé par l’urgence d’un renouveau sur la manière de (se) représenter le monde et d’agir en conséquence. L’événement planétaire de la pandémie, qui a caractérisé l’intervalle séparant le colloque et la sortie de cet ouvrage, et les conséquences qu’elle a induites ne font que confirmer et rendre encore plus lisible l’urgence de ce changement de vision et d’action. La question transdisciplinaire de la représentation et de la transformation des lieux est au cœur des contributions ici réunies, issues des champs disciplinaires ayant affaire à l’espace tels que la géographie, l’art, et plus particulièrement l’architecture, l’urbanisme et le paysagisme. Les pratiques et les outils adoptés dans les processus de compréhension et de transformation ainsi que dans l’élaboration du projet à la fois spatial, social et politique des territoires contemporains sont mis ici en discussion et interrogent le rôle et le devenir du dessin et de la représentation non discursive dans ce processus. Le terrain privilégié a été celui des espaces ouverts, traités à partir de l’exploration de cas d’étude variés, allant de l’échelle urbaine à l’échelle territoriale et paysagère, mais aussi à l’échelle de l’objet d’art et du corps comme source de déploiement spatial.

Les termes de la question Dessin-design-projet : une triade entre persistance et dissolution

Dans les arts de l’espace — architecture, urbanisme, paysagisme –, le dessin a un rôle central. Une littérature abondante et pluridisciplinaire propose des lectures diversifiées du lien entre le dessin et la fabrication d’édifices, d’objets, d’espaces. Le terme « dessin » lui-même résume la complexité des interrelations existant entre les sphères qu’il relie par sa signification. Dérivé de l’italien disegno, il signifie représentation graphique des objets existants ou imaginaires, par des traits et souvent des surfaces colorées. Aussi, depuis son origine, disegno signifie intention, projet, proposition sur l’évolution ou le changement d’un fait ou d’une réalité. En langue française, il a été traduit par le terme « dessein », lequel au fil du temps a gardé la signification de projet, intention, et a perdu celle initiale de représentation graphique, confiée à son dérivé, « dessin » — avec une voyelle en moins — alors qu’en italien le mot disegno continue d’avoir les deux signif ications. Cette correspondance révèle l’inséparabilité de ces deux sphères — celle de la représentation et celle de l’intention-action — comme une qualité non circonstancielle, mais propre à la condition humaine. Plus particulièrement, dans les domaines des arts de l’espace — l’architecture et l’art des jardins, et, plus tard, les arts de la ville et du paysage — le dessin et, de manière plus générale, la représentation graphique ont acquis une mission documentaire incontournable dans le processus de fabrication de l’objet ou de l’espace. De l’esquisse aux plans d’exécution, la mission du dessin est d’expliciter le résultat de l’élaboration d’une idée, de l’acheminer vers sa concrétisation, de solliciter la confrontation entre les éléments et les acteurs concernés — de la commande à l’idéation, à la fabrication — ; il est présent sur la totalité du processus et en conditionne tant le déroulement que le résultat final. Des siècles d’élaborations et d’inventions ont permis d’optimiser les techniques et les modes de la représentation des idées spatiales et d’anticiper la transformation physique des lieux. Le dessin a fini par être assimilé au projet, bien qu’il ne représente qu’une partie du processus (Biasi, 2015 ; Leniaud, 2016). Dans sa version anglo-saxonne, le terme design connote aujourd’hui l’art de la conception et de la fabrication d’objets en lien avec la production industrielle, mais aussi l’ensemble du processus, de la conception à la concrétisation d’objets ou d’espaces à différentes échelles (Tufano, 2015a et 2015b), jusqu’à signifier une méthode de développement — design thinking — qui, dans le domaine de l’entreprenariat, s’appuie sur une approche à la fois analytique et intuitive, à la manière des designers (Brown, 2019). Caractéristique de la condition humaine — se projeter pour être dans son devenir –, le projet en tant que conduite d’anticipation (Boutinet, 2012 et 2021) est représentatif de l’époque contemporaine de transitions. Dans le domaine des arts de l’espace, le mot « projet » connote aussi bien l’idée de préfiguration d’une solution spatiale que les documents graphiques qui l’explicitent. La notion de projet, largement questionnée dans les dernières décennies, est entendue aujourd’hui comme une notion opératoire et une pratique critique sollicitée telle qu’une démarche de recherche (Tufano, 2016). Acte et processus, idée et document-objet à la fois, le projet participe à la constitution des notions de dessin et de design, tout en ne s’y réduisant pas. Et réciproquement. Telle une triade, dans les pratiques de transformation des lieux et des choses, ces trois entités — dessin, design et projet — sont interactives et historiquement liées entre elles : tout changement de l’une entraîne l’évolution des deux autres. Toutefois, cette triade semble se dissoudre face à l’évolution actuelle des pratiques et des politiques de transformation des lieux.

DOI: 10.36253/979–12–215–0119–3

Read Full Text: https://books.fupress.com/catalogue/dessin-design-projet/12887

--

--

University of Florence
University of Florence

Written by University of Florence

The University of Florence is an important and influential centre for research and higher training in Italy

No responses yet