Mobiliser sa communauté dans le pôle épiscopal de Freising entre 739 et 784. Réflexion à partir des eschatocoles du cartulaire

From Firenze University Press Journal: Reti Medievali

University of Florence
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Claire de Cazanove-Hannecart, Université Paris 1 — Panthéon Sorbonne

L’étude de Benoît-Michel Tock parue en 2005 sur les scribes, souscrip-teurs et témoins invite à revenir sur les listes de noms présentes en bas des actes diplomatiques pour questionner le statut, le rôle de ces individus. La présente analyse s’intéresse aux noms dans les eschatocoles du cartulaire de Freising. Cette source exceptionnelle contient plus de 700 actions juridiques réparties en 404 folios et datées de l’épiscopat d’Ermbert à celui d’Erchanbert, soit de 744 à 848. La main principale, le presbiter Cozroh, se présente dans le prologue entre les folios 2v et 4r du manuscrit. Elle est relayée par d’autres mains qui ne sont pas toutes identifiées. La transcription dans les cahiers se déroule sur plusieurs décennies entre 824 et 848, avec des interruptions.En Bavière, les premiers cartulaires du IXe siècle donnent accès à l’his-toire politique, sociale, économique, des temps ducaux aux premiers Caro-lingiens, car les originaux ont disparu. Le processus de cartularisation pro-duit un filtre entre le chercheur et la documentation primaire, ce qui amène à prendre des précautions méthodologiques pour éviter de surinterpréter certains signes dans les eschatocoles reproduits dans les cahiers. En effet, alors que les listes peuvent faire l’objet de présentations spécifiques (rupture paléographique avec l’emploi d’une autre graphie, encre différente, présenta-tion des noms en colonnes, signes d’autographie, signatures autographes…), la reproduction dans des cahiers réglés conduit à une présentation uniformisée des actes. L’organisation spatiographique de l’eschatocole disparaît lors de la mise en codex qui lisse un certain nombre d’éléments de présentation qui définissait l’unicité de chaque acte diplomatique. Le parti pris de la présente étude est de prendre en compte uniquement les folios 9 à 72 du cartulaire. Cet ensemble documentaire comprend deux sections, celle des épiscopats de Ermbert (739–747/748) et de Joseph (748–64) réunis, puis celle d’Arbeo (764–83). Cozroh semble l’avoir réalisé dans une phase d’écriture unique. C’est son travail de transcription qui sera analysé en présupposant que sa sensibilité diplomatique, visuelle, reste la même face aux modèles qu’il a sous les yeux. Cette précaution méthodologique est fondamentale, car toute comparaison avec la documentation primaire est impossible.L’enjeu de l’analyse est de considérer ces listes de noms dans leur contexte en prenant en compte les mots et les signes graphiques qui les entourent dans l’espace codicologique. Le statut des personnes doit être questionné : simples témoins ? souscripteurs ? Il convient aussi d’étudier leur participation à l’action juridique et/ou à son instrumentation afin de savoir si ces listes définissent une communauté et si elle a un ancrage géographique.Une présentation et une analyse des eschatocoles seront menées, puis, dans un second temps, une réflexion sur l’investissement des personnes à tra-vers des gestes, des actions ou des signes graphiques. Enfin, la question de la définition d’une communauté mobilisée lors des actions juridiques sera posée.

DOI: https://doi.org/10.6093/1593-2214/9961

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