Propriété immobilière et stratégies résidentielles de la noblesse des alberghi génois au XVe siècle à travers le registre Possessionum (1414–1425)

From Firenze University Press Journal: Reti Medievali

University of Florence
3 min readJul 8, 2022

Denise Bezzina, Università degli Studi di Genova

Dans la mesure où « la vie génoise s’organise aussi en de nombreuses cellules, plus ou moins puissantes, dominées par les nobili […], l’albergo génois, véritable puissance économique, financière et politique » marque fortement, selon Jacques Heers (1962) le tissu urbain de Gênes à la fin du Moyen Âge. Quelques années plus tard (1965), à propos de la Gênes des XIIe-XIIIe siècles, Ennio Poleggi évoquait des « contrade delle consorterie nobiliari », dont la caractéristique principale est la disposition des habitations autour de la curia, avec une domus magna,gérée par le chef de famille, et les domunculae attenantes habitées par les autres membres du groupe familial aristocratique, parfois situées près d’une église noble. Les « contrade » décrites par Poleggi sont des îlots autonomes, au point que l’historien a suggéré qu’elles aient pu constituer une « atmosfera di totale isolamento da ogni altro nucleo umano come su di un ponte di nave »: des espaces clairement délimités, reflétant la prééminence sociale de l’aristocratie et qui, selon l’historiographie successive, ont conservé cette caractéristique jusqu’à la fin du Moyen Âge. Cet aspect a également été souligné par Edoardo Grendi, dans son essai fondamental de 1975 sur les alberghi — c’est-à-dire, les associations familiales aristocratiques typiques de Gênes — à la fin de la période médiévale, qu’il définit comme des « institutions démo-topographiques ».

L’histoire de l’élite génoise est si particulière qu’il est nécessaire de s’ap-puyer sur une littérature historiographique bien établie. La tentative de Lu-ciano Grossi Bianchi et Ennio Poleggi de cartographier la ville au début des années 1980 a constitué de ce point de vue un point d’ancrage essentiel, qu’il est toutefois désormais nécessaire de reprendre de manière systématique, à différents niveaux. À commencer par le rapport existant entre l’élite urbaine et la ville, les choix résidentiels et les stratégies de contrôle de l’espace : l’image proposée par ces premières études, certes fondamentales, est trop rigide et centrée uniquement sur des lignages importants et politiquement influents. De fait, l’expérience des alberghi est beaucoup plus complexe et variée. Il est ainsi nécessaire de partir de deux prémisses pour souligner cette complexité. La première est que le terme « albergo » est un label qui englobe des entités très différentes du point de vue numérique. En effet, elles vont du simple noyau familial aux très grandes associations comprenant un grand nombre de membres ayant évidemment des besoins résidentiels très différents. La seconde est que les familles qui participent à l’expérience des alberghi sont très hétérogènes en termes d’origine : certaines sont déjà bien établies au début du XIIIe siècle, au milieu de l’âge consulaire, quand d’autres ont émergé au cours des siècles suivants, ou sont même parfois très récentes.

À la lumière de ces observations, il convient de préciser que l’intention de cette contribution n’est pas de parvenir à un traitement exhaustif de la relation entre les élites et l’espace urbain, ni de dénaturer ce qui a déjà été acquis par l’historiographie passée. L’intention est plutôt d’articuler davantage ce tableau et, en même temps, de mettre en évidence de nouvelles perspectives de recherche.Pour ce faire, je partirai d’une définition globale des données recueillies dans la documentation, avant d’examiner plus précisément la conformation des établissements et les stratégies d’établissement de l’élite, mais aussi celles de la gestion des actifs. Mais dans un premier temps, une présentation détaillée de la source principale, particulièrement complexe, s’impose.

DOI: https://doi.org/10.6093/1593-2214/9233

Read Full Text: http://www.serena.unina.it/index.php/rm/article/view/9233

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