Vivre avec un coparent anxieux en période de transition à la parentalité

From Firenze University Press Journal: Rivista Italiana di Educazione Familiare — RIEF

University of Florence
3 min readNov 17, 2023

Laura-Mihaela Bogza, Université Laval

Tamarha Pierce, Université Laval

Guillaume Bouffard, Université Laval

Laurence Dubé, Université Laval

Sarah-Maude Jean, Université Laval

La transition à la parentalité, qui s’étend de la grossesse à la deu-xième année de vie de l’enfant (Twenge, Campbell, Foster, 2003), s’ac-compagne généralement de défis nécessitant une adaptation, incluant le développement d’habiletés parentales, l’intégration d’un nouveau rôle à son identité, des défis financiers, professionnels ou relationnels ou en-core des préoccupations liées à la santé et la sécurité durant la grossesse ou la période post-partum (Bayrampour et al., 2016; Pilkington, Romi-nov, 2017). La transition à la parentalité est donc un contexte propice à l’anticipation et à une vigilance excessive, biais souvent présents chez les individus anxieux. L’anxiété prend racine dans le sentiment d’absence de contrôle sur des évènements futurs perçus comme pouvant être une menace ou un danger pour le bien-être et l’intégrité de l’individu (Barlow, 2000). Cette émotion est surtout étudiée sous sa forme clinique, mais peut aussi inter-férer avec le bien-être à des niveaux sous-cliniques. Les études indiquent qu’un niveau cliniquement significatif d’anxiété est plus souvent obser-vé durant la période périnatale avec une prévalence de 21,7% chez les mères et 9,9% chez les pères (Leiferman et al., 2021), comparativement à une prévalence de 16,4% chez les femmes et 8,9% chez les hommes de la population générale pour n’importe quel trouble anxieux sur un an (Somers et al., 2006). Les pères et les mères s’inquiètent d’éléments similaires, incluant le bien-être du fœtus, les facteurs liés à la mère et les facteurs individuels et situationnels (Bayrampour et al., 2016; Lavoie, Fontaine, 2016; Pilking-ton, Rominov, 2017). Cependant, les pères s’inquiètent davantage d’un manque de connaissances et de sommeil ainsi que de l’absence liée à leur emploi, tandis que les mères s’inquiètent davantage des critiques possibles de leurs habiletés parentales, du développement de l’enfant et de leur relation d’attachement avec celui-ci. Les répercussions de cette anxiété sur le coparent, le couple ou la famille sont peu documentées. Pourtant, l’expérience parentale d’un pa-rent influence et est influencée par la relation qu’il a avec l’autre parent (Lacharité et al., 2015). Cette relation est importante pour le bien-être et le développement de l’enfant et de la famille. Une réaction potentielle à l’anxiété d’un coparent est la mobilisation des ressources du parent. Dans une étude qualitative, Locock et Alexan-der (2006) explorent l’expérience des pères, tel que perçue par les mères, lors d’un dépistage prénatal, ainsi que leur réaction à l’annonce d’un diagnostic d’handicap chez l’enfant. Dans des entrevues, menées surtout auprès de mères, les pères y sont décrits comme des protecteurs qui sou-tiennent leur conjointe en adoptant une attitude optimiste et en dissimu-lant leurs émotions. La documentation indirecte de leur réaction invite toutefois à la prudence quant à la généralisation de ces résultats. De plus, cette étude ne nous informe pas sur la réaction des mères devant l’an-xiété de leur conjoint. D’autres études sur l’anxiété dans un couple rap-portent une relation négative entre l’anxiété et la satisfaction conjugale (Mazzuca et al., 2019; Monin et al., 2017; Pankiewicz et al., 2012) ainsi que la cooccurrence des troubles anxieux chez les deux membres d’un couple (Wang et al., 2017). Considérant les changements envisageables et les sources d’anxiété qui accompagnent la transition à la parentalité, ainsi que l’interinfluence des parents selon une compréhension écosysté-mique de la parentalité (Lacharité et al., 2015), on se doute que l’anxiété d’un coparent puisse avoir des impacts à plusieurs niveaux.Ce projet pilote visait donc à explorer l’expérience, lors de la transition à la parentalité, des pères et des mères vivant avec un coparent per-çu comme anxieux. Trois questions ont été posées:

(a) quels sont les fac-teurs qui contribuent à l’anxiété du coparent selon le parent?;

(b) quelles sont les conséquences perçues par le parent de l’anxiété du coparent sur le plan de ses propres émotions, cognitions et comportements, et ce, dans les sphères individuelle, conjugale et familiale?;

( c ) est-ce possible de dégager différents profils de réactions face à l’anxiété du coparent?

DOI: https://doi.org/10.36253/rief-14431

Read Full Text: https://oaj.fupress.net/index.php/rief/article/view/14431

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