À propos des biens des femmes : structures de parenté et rapports de genre

From Firenze University Press Journal: Reti Medievali

University of Florence
2 min readApr 26, 2022

Anita Guerreau-Jalabert, École Nationale des Chartes

La société médiévale se caractérise par un système de parenté cognatique et par la pratique de ce que Jack Goody a appelé la dévolution divergente. Toutefois, du fait de la supériorité sociale des hommes sur les femmes, les biens majeurs des parentèles vont tendanciellement aux premiers sans exclure jamais les secondes. Les femmes reçoivent d’abord des dots, mais aussi des legs et elles peuvent aussi être héritières principales en l’absence de frères. Les données génoises corroborent ces grandes caractéristiques et montrent que, dans un système incontestablement patriarcal, auquel elles participent d’ailleurs pleinement, les femmes se voient reconnaître une certaine capacité d’action.

Medieval society is characterized by a system of cognatic kinship and by the practice of what Jack Goody has called diverging devolution. However, because of the social superiority of men over women, the major assets of the kindred tended to go to the former without ever excluding the latter. The women receive first of all dowries, but also legacies and they can also be principal heirs in the absence of brothers. The Genoese data corroborate these main characteristics and show that, in an undeniably patriarchal system, in which they participated fully, women were recognized as having a certain agency.

Consacré aux biens des femmes à Gênes aux XII et XIII siècles, ce volume s’inscrit dans un champ de recherches qui a connu un développement important dans les décennies récentes, notamment en Italie. Ce qui s’explique peut-être par la richesse de sa documentation notariale. Or de ce point de vue, Gênes offre une singularité : des documents de ce type sont conservés en abondance à partir du XIIe siècle, ce qui est exceptionnel.

Bonnes connaisseuses de la cité et de son territoire, Denise Bezzina, Roberta Braccia, Paola Guglielmotti et Valentina Ruzzin ont entrepris d’examiner la nature des patrimoines féminins et ce que l’on peut percevoir de leur gestion pour les XIIe et XIIIe siècles. L’éclairage porte à la fois sur les groupes dominants au sein de la cité, mais aussi sur les artisans. Ces enquêtes sont menées avec une remarquable minutie et leurs conclusions traduisent tou-jours une grande prudence. Les auteures ont en effet parfaitement identifié les limites que comporte leur documentation et elles sont particulièrement attentives à déceler les biais divers qui pourraient s’introduire dans les interprétations.

Plutôt spécialistes de l’histoire des femmes et du genre, les auteures n’abordent que latéralement les questions de parenté. Néanmoins, ces dernières sont sous-jacentes à l’enquête et permettent de rendre compte de certaines au moins des observations proposées. C’est sur ce point que portera ma contribution.

DOI: https://doi.org/10.6093/1593-2214/8745

Read Full Text: http://www.serena.unina.it/index.php/rm/article/view/8745

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